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Claude Dubois psychopraticien Toulouse
25 juin 2014

Les rêves de poursuite et de fuite. Il est très

Les rêves de poursuite et de fuite.

 

daphné et apollon

Il est très fréquent de rêver que l’on fuit devant une menace. Celle-ci consiste souvent soit en forces de l’ordre, soit en agresseurs plus ou moins identifiés, voire en quelque chose de non identifié. Les forces de l’ordre peuvent être des gendarmes, des policiers, l’armée régulière, des C.R.S. ou autres représentants de la force publique. Les poursuivants de la seconde catégorie sont, par exemple, des nazis en uniforme, des loubards de banlieue, des hommes hostiles et implacables, parfois d’une couleur de peau et d’une culture qui nous effraye, etc. On les fuit, on se cache, mais toujours ils nous trouvent, nous débusquent, nous harcèlent, nous menacent et l’on se réveille généralement avant d’avoir été pris ou avant de leur avoir échappé. Ce sont des rêves fatigants, dont on s’éveille secoué émotionnellement.

En termes généraux, disons pour commencer que le personnage qui fuit, c’est-à-dire nous-mêmes, représente notre point de vue conscient, alors que le ou les poursuivants représentent une manifestation de l’inconscient. Du point de vue de celui-ci, la conscience génère un désordre, un conflit, un chaos et c’est pourquoi les forces de l’ordre sont dépêchées. Il peut aussi s’agir d’une énergie, d’une force intérieure qui veut contraindre la conscience à la prendre en considération et qui, pour cela, la harcèle et la menace. En fait, les deux options reviennent au même et sont souvent deux étapes du même processus.

Cette force, cette énergie que je viens d’évoquer est une de nos composantes psychique, un trait de notre personnalité, un potentiel qui nous constitue. Mais nous l’ignorons consciemment parce qu’il ne s’est encore jamais manifesté ou parce que nous l’avons refoulé puis oublié. Mais il se manifeste, veut émerger à la conscience, s’exprimer dans notre vie. Plus la conscience l’ignore ou le refuse, plus la pression intérieure augmente et plus ce potentiel, cette énergie devient menaçante. Il peut très bien s’agir d’une expression tout à fait positive et constructive d’un point de vue objectif, mais qui devient agressive et peut aller jusqu’à être destructrice à force d’être niée et retenue.

Prenons un exemple concret. Une jeune fille montre des dispositions artistiques et prend plaisir à chanter. Mais voici le temps de venu de s’orienter professionnellement et ses parents ne considèrent pas l’art en général et la musique ou le chant en particulier, comme une activité sérieuse. La jeune n’est pas ouvertement contrainte par ses parents, mais les valeurs de ceux-ci, qui sont celles de la société dominante, l’influencent. Elle choisit une voie d’études « sérieuses » pour un métier « convenable » et sûr financièrement. Elle n’a plus de temps pour chanter, ni pour prendre des cours de chant. Elle fredonne parfois, mais sa vie est consacrée à son activité socio-économique, puis et en plus à ses enfants. Approche la cinquantaine et notre femme éprouve un mal être. On lui propose des places pour un opéra, on lui offre la biographie d’une chanteuse, une collègue aime à parler de sa chorale… Divers signes qu’elle préfère ignorer. Les rêves de poursuite vont bientôt venir… La créativité, l’expression par le chant qui a jadis été répudiée se réveille et veut maintenant se libérer. Si la femme n’en prend pas conscience, cette énergie pourtant belle et épanouissante va se faire menace et force de destruction dans des rêves épuisants.

Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de contester la justesse du choix de vie de la jeune fille, de prétendre qu’il eût mieux valu privilégier le côté artistique. Son choix est légitime, tout autant que l’eût été l’inverse. On peut penser que si la jeune fille s’était orientée vers une voie musicale, d’autres potentiels auraient été mis sous le boisseau et se seraient réveillés 20 ou 25 ans plus tard.

Que faut-il faire ? Il convient de se mettre à l’écoute de soi-même, d’accueillir ce qui cherche à s’exprimer depuis notre inconscient. En adoptant consciemment cette attitude il est fort possible qu’elle se traduise dans les rêves, soit par la disparition des poursuivants, soit par l’arrêt de la fuite et la confrontation avec ceux-ci. Lorsque l’énergie qui cherche à s’exprimer sera identifiée, il ne faut pas avoir de regrets sur ce que l’on n’a pas vécu. Il est possible, selon la nature de cette énergie, que son expression maintenant ne puisse plus prendre la même forme que celle qu’elle aurait eu jadis. Ce qui compte, c’est la libération de ce potentiel sous sa forme actuelle. Pour reprendre notre exemple, la femme ne deviendra pas une cantatrice, c’est physiologiquement impossible. Mais elle peut s’épanouir dans un chœur par exemple ou apprendre des airs qu’elle chantera sans prétention dans les fêtes amicales.

Une force ainsi libérée peut évidemment remettre en cause l’équilibre d’une vie. Mais globalement ce sera pour construire un nouvel équilibre, plus riche, plus énergétique. Il se peut même que d’autres secteurs de la vie, loin de pâtir de cette émergence nouvelle, bénéficient d’un regain d’énergie.

 

J’ai choisi d’évoquer ce thème parce que cet hiver, à Rome, j’ai été sidéré par des sculptures de Gian Lorenzo Bernini dont, notamment, son Apollon et Daphné. Et j’ai reçu une piqûre de rappel en ce mois de juin en retrouvent une partie de ce chef d’œuvre en couverture du programme de Daphné, opéra de Richard Strauss à l’affiche du Théâtre du Capitole.

Daphné était une nymphe servante de Gaea, la déesse de la Terre. Vierge, amoureuse de la nature, elle refusait les amours humaines, charnelles. Apollon, frappé par sa beauté, voulut l’étreindre. Daphné s’échappa. Le dieu la poursuivit. Au moment où enfin il la saisissait, Daphné invoqua Gaea (ou bien son père le dieu-fleuve Penée) qui la métamorphosa en laurier. Ainsi Daphné fait partie de la nature qu’elle aimait et Apollon se ceint le front de couronnes de ses feuilles.

Il existe plusieurs versions antiques grecques, dont une avec un berger humain également épris de Daphné, ainsi qu’une plus récente, du Latin Ovide.

 

Annexe :

Pour une présentation avec extraits de l’opéra de Richard Strauss et un petit commentaire personnel sur la sculpture de Bernini, vous pouvez écouter mon émission de radio du mardi 17 juin sur http://loreillealapage.free.fr, émission n° 257.

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Commentaires
P
Très bon article en effet. Il me permet aussi, à tire personnel, de mieux me ressentir comme un être humain ordinaire, et non comme un horrible personnage, coupable de crimes imprescriptibles, envers moi bien sur. Merci Claude.
C
Magnifique article ! Charles.
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